Pas de professeurs, de notes ou de devoirs à faire à la maison. Ici, on fait des scans sur ordinateur, de la programmation informatique et des objets sur imprimante 3D. Du travail en petits groupes uniquement, selon la personnalité de chacun. Même le règlement intérieur a été élaboré par les élèves. On est loin de l’école. Et c’est justement l’objectif.La fabrique numérique vient d’ouvrir ses portes, au centre socioculturel Marc Sangnier, dans le quartier de la Fauconnière à Gonesse.

 

Elle accueille pour cinq mois une première promotion d’une quinzaine de participants âgés de 16 à 25 ans et originaires de l’Est du Val-d’Oise. Sa vocation, c’est d’être un outil de remobilisation pour les jeunes qui ont décroché du système scolaire, d’utiliser le numérique à des fins sociales. Une première en France. « Même un jeune qui a échoué à l’école maîtrise les outils numériques, c’est un secteur séduisant, explique Jean-Pierre Blazy, député-maire PS de Gonesse, à l’origine du projet inspiré d’un dispositif canadien.

L’idée c’est de redonner à ces jeunes le goût d’apprendre ».Pour les remotiver, il faut d’abord valoriser ces jeunes fâchés avec l’école. Alors ici, on a des projets concrets, pour que chacun se sente utile. « On leur a par exemple demandé d’imaginer des nouveaux badges pour le personnel du centre », raconte Emmanuel Letourneux, un des concepteurs du projet, financé en partie par le conseil régional, Aéroports de Paris, PSA ou encore la réserve parlementaire de Jean-Pierre Blazy, pour un coût total annuel de 300 000 €. Dans la salle, une dizaine d’ordinateurs sont allumés. Dans un coin, Salima finalise son diaporama photos, tandis qu’Alexandre réalise un scan. Un peu plus loin, l’imprimante 3D tourne à plein régime.

L’objectif à terme est de créer des partenariats avec des entreprises du territoire qui passeraient commande auprès des élèves. « Ce sont des jeunes qui ont besoin d’être stimulés, note Vivien Roussel, un des six encadrants. Dans le numérique, il y a un vrai côté ludique. Peu importe d’où on vient, l’important c’est ce qu’on sait faire. Chacun peut aider les autres selon ses capacités ». A la fin de la session, les jeunes seront accompagnés vers des stages, emplois, ou formation.Renseignements à la mairie de Gonesse au 01.34.45.11.11Reda : « ici, on s’adapte à la personnalité de chacun »

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Jusqu’à ce qu’il démarre dans le dispositif, Alexandre vivait un peu dans une autre planète. « Je me couchais à 14 heures et me réveillais à minuit pour passer ensuite du temps sur l’ordinateur », raconte ce jeune Gonessien de 19 ans, passionné d’informatique, autodidacte, qui a arrêté l’école en cinquième avant de partir à Taïwan, sans y être scolarisé. Alors quand il a vu l’annonce dans le journal municipal, il n’a pas hésité. « Avant, je me demandais tous les jours ce que j’allais faire de ma journée. Ici, je m’amuse, j’ai appris plein de choses », se félicite celui qui n’a jamais travaillé. « Dans le système scolaire, il y a trop de cadres, si on rate le train en marche on reste à côté, estime Reda, 21 ans, de Sarcelles. Ici, on s’adapte à la personnalité de chacun. On s’y sent bien»